Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que « si Crésus faisait la guerre aux Perses un grand empire serait détruit. » Lequel ? Celui des Perses, ou celui de Lydie ? Les devins ne le décidaient point. Mais ils donnaient à Crésus un excellent conseil : c’était de se faire des alliés et des appuis parmi les peuples les plus puissants de la Grèce. Consulté de nouveau sur ce point, l’oracle de Delphes désigna les Lacédémoniens dans la race Dorienne, et les Athéniens dans la race Ionienne, ceux-ci Pélasgiques, et les autres Hellènes. Crésus envoya donc des ambassadeurs dans les différentes parties de la Grèce ; mais ses avances ne furent acceptées que par les Lacédémoniens, bien disposés envers lui par quelques services antérieurs qu’ils en avaient reçus. Les autres Grecs, et les Athéniens en particulier, ne comprirent pas le danger prochain, et ne répondirent point aux ouvertures du roi lydien. Si l’on en croit la Cyropédie, Crésus était allé chercher des secours jusqu’en Égypte. Mais il est douteux qu’il eût à sa solde 120,000 Égyptiens, comme le veut ce bon Xénophon.

Crésus, se fiant à une réponse de l’oracle qu’il avait mal interprétée, envahit la Cappadoce, territoire Mède qui appartenait depuis peu à Cyrus. II fallait traverser l’Halys, assez large en cet endroit. La difficulté était fort grande, et le roi de Lydie ne put la vaincre que grâce à l’habileté de Thalès, qui