Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/445

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE VI.

Réfutation de la première théorie de Gorgias ; citation de Mélissus et de Zénon ; l’être et le non-être ne se confondent pas, et le mouvement est possible ; citation des Discours de Leucippe. — Réfutation de la seconde théorie de Gorgias sur l’impossibilité de la science ; et de la troisième théorie sur l’impossibilité de transmettre la science, si on l’avait acquise. — Annonce d’études ultérieures sur les anciens philosophes.

§ 1.[1] Il ne résulte pas du tout des arguments donnés par Gorgias que rien n’existe ; car voici comment il raisonne dans les choses qu’il essaie de démontrer. Si le non-être existe, ou pour parler d’une manière générale, si le rien existe, l’être est également aussi le non-être.

§ 2.[2] Mais il ne semble pas du tout qu’il en soit ainsi, ni qu’il y ait la moindre nécessité que le non-être existe ; de même qu’il arrive que quand, de deux choses, l’une est et que l’autre ne fait que paraître, il faut nécessairement que l’une soit vraie et que l’autre ne le soit pas. Aussi, de ce que le non-être n’existe pas, il ne s’ensuit pas que les

  1. Ch. VI, § I. Donnés par Gorgias, ici non plus Gorgias n’est pas nommé ; il n’y a, comme plus haut, qu’un verbe à la troisième personne. — Qu’il essaie de démontrer, le texte dit précisément : « que même il démontre. » Il m’a semblé que la nuance indiquée dans ma traduction était préférable. — Le rien existe, c’est la formule même du texte ; peut-être eût-il mieux valu dire : « si rien n’existe. » - L’être est également le non-être, c’est-à-dire que l’être est le non-être, tout aussi bien qu’il est l’être.
  2. § 2. La moindre nécessité, de démonstration, qui force de conclure dans un sens plutôt que dans l’autre. — Ne fait que paraître, le texte dit simplement : « paraît. » - De ce que le non-être n’existe pas, le texte n’est pas tout à tait aussi formel. — Dit Gorgias, le nom de Gorgias n’est pas exprimé. — Si