FRAGMENTS DE MÉLISSUS
I.
Simplicius, commentaire de la Physique d’Aristote, f° 22, verso :
« Voyons, maintenant, le raisonnement de Mélissus, le premier que combat Aristote. Mettant à profit les principes des Physiciens[1] sur la production et la destruction des choses, Mélissus commence son livre dans les termes suivants » :
« Si rien n’existe, comment pourrait-on, en quoi que ce soit, traiter ce rien comme s’il était quelque chose ? Si quelque chose existe, ce quelque chose est né, ou il est éternel. S’il est né et a été produit, il ne peut venir que de l’être ou du non-être. Mais il n’est pas possible que ce qui n’est rien, et à plus forte raison ce qui est absolument, puisse jamais venir de ce qui n’est pas. Il ne se peut pas davantage qu’il vienne de ce qui est ; car alors l’être aurait existé, et n’aurait pas
- ↑ Les physiciens sont les philosophes de l’École d’Ionie ; voir la Physique d’Aristote, Livre I, ch. 2, § 1, page 433 de ma traduction.