Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/69

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construit celui du Bosphore. L’armée des Perses ayant passé, Darius voulait faire détruire le pont, pour que les Grecs pussent le suivre ; mais, par bonheur, Coès, le chef des Mytiléniens, fut plus sage que le roi, et il parvint à lui persuader de conserver le seul moyen de passage qu’il pût espérer en cas de retraite. Darius se contenta donc de recommander aux Ioniens de l’attendre soixante jours, et de partir en détruisant le pont si, dans cet intervalle de temps, il n’était pas revenu.

Ce qu’il était facile de prévoir arriva. L’armée des Perses, après des marches aussi vaines que fatigantes vers le nord, dut rétrograder avec des pertes considérables et en abandonnant ses malades et ses blessés, aussi malheureuse que la Grande armée de 1812, à peu près dans les mêmes contrées, et contre les mêmes ennemis usant de la même tactique. Les Scythes, vainqueurs sans avoir livré de bataille, devancèrent les Perses au pont du Danube ; et Darius y aurait rencontré une Bérézina, sans la fidélité des Grecs auxquels le pont était confié. les Scythes les exhortèrent à le rompre, leur représentant que les soixante jours étaient passés, et que la promesse faite par eux avait été tenue. Un conseil qui pouvait avoir plus de poids sur les Ioniens, était celui de Miltiade, d’Athènes, qui était alors général et tyran de la Chersonèse de l’Hellespont.