en avait écrit ? Ont-ils seulement pensé à citer son nom ?
Pour le philosophe, il n’en est pas de même ; tout lui fait un devoir de connaître et d’apprécier ses prédécesseurs ; il ne peut ignorer leurs travaux qu’avec grand préjudice à la fois pour lui-même et pour la science qu’il cultive. Comme les éléments de cette science sont tout individuels, et que chaque observateur doit la refaire presque entièrement pour qu’elle soit vraiment solide entre ses mains, il y a bien plus de chances d’erreur ; la connaissance de ce qu’ont pensé les autres est une garantie à peu près indispensable pour qui aime la vérité et prétend penser par soi-même. De plus, quelque original que soit le génie, il doit toujours bien moins à la nature qu’à la société au milieu de laquelle le destin l’a fait naître ; cette société a nécessairement beaucoup reçu du passé ; et le philosophe, tout indépendant qu’il est, ne date jamais de lui seul, pas plus que le physiologiste. Il doit donc, pour s’entendre parfaitement avec lui-même, savoir distinguer et ce qui lui appartient, et ce qui ne vient pas de lui dans les idées que sa raison approuve, dans les théories qu’il adopte, et dans la forme même sous laquelle il les présente. Ce sont là des soins que le physiologiste n’a point