sans doute il ne le comprenait pas bien, mais il l’étudiait avec respect ; et les Alexandrins, tout mystiques qu’ils étaient, se sont crus les disciples fidèles de maîtres vénérés, qui pourtant n’avaient jamais connu le mysticisme. Ils tenaient à honneur de n’innover qu’en continuant leurs ancêtres. Dans le moyen âge, l’histoire de la philosophie n’a point eu de place, précisément parce que certains ouvrages de l’antiquité en avaient trop. La philosophie moderne n’a pas en général attaché de prix à la tradition ; par Bacon, dans les sciences, elle a rompu violemment avec le passé ; par Descartes, elle l’a oublié. L’histoire de la philosophie n’existe pas pour la libre école du Cartésianisme. Elle n’existe guère davantage pour l’école écossaise. Il n’y a que Leibnitz qui en sente l’utilité, et il la recommande au XVIIIe siècle, qui n’entend pas sa voix. Les grandes histoires de la philosophie que ce siècle voit naître ne sont guère appréciées alors que comme des travaux purement littéraires ; l’Allemagne qui les a produites ne songe pas à en profiter ; et les écoles qui se succèdent de Kant à Hegel ne semblent avoir lu ni Brucker, ni Tiedemann, ni Tennemann. Hégel même, bien qu’il ait tenté une histoire de la philosophie, satisfait sa curiosité par cet
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