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Page:Aristote - Traité de la génération des animaux - tome II.djvu/101

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§ 23[1]. Le phénomène que présentent les yeux des animaux est difficile à expliquer. Au début, ils semblent énormes, aussi bien dans les animaux qui marchent que dans ceux qui nagent, ou dans ceux qui volent. Et cependant, les yeux sont la partie qui se montre la dernière. Puis, après quelque intervalle, ils s’affaissent. La cause de cette disposition, c’est que le sens de la vue, tout comme les autres sens, se fait par des canaux. Mais, les sens du toucher et du goût sont immédiatement, ou le corps même de l’animal, ou une partie de son corps ; l’odorat et l’ouïe sont des canaux en rapport avec l’air du dehors, pleins du souffle naturel, et aboutissant aux petites veines qui, du cœur, montent au cerveau. § 24[2]. Au contraire, l’œil est le seul sens à avoir un corps qui lui soit propre.

  1. Les yeux… semblent énormes. Ceci est vrai dans quelques espèces ; mais ce n’est pas aussi général qu’Aristote paraît le croire. — Qui se montre la dernière. Ceci demanderait plus d’explications, et n’est pas aussi exact que ce qui précède. Voir le Traité élémentaire de Physiologie humaine de M. Béclard. p. 1175, 6e édition. — La cause de cette disposition. La cause indiquée par Aristote n’est pas fondée sur les faits. — Se fait par des canaux. Il est difficile de savoir ce qu’Aristote entend par là ; il n’est pas probable qu’il veuille parler des nerfs optiques ; mais on conçoit aisément qu’il se soit trompé dans une analyse aussi délicate que celle de la vision. — Du toucher et du goût. Le goût n’est lui-même qu’un toucher propre à certains organes. — L’odorat et l’ouïe. Ce rapprochement peut paraître assez singulier, parce que l’organisation de ces deux sens est fort différente. — Avec l’air du dehors. Il faut voir, sur les fonctions des sens, le Traité de l’Ame, liv. II, ch. VII et suiv., pp. 208 et suiv., de ma traduction.
  2. Le seul sens qui ait un corps. Ceci ne semble pas tout à fait exact, puisque l’ouïe a bien aussi son appareil spécial, dans l’oreille et dans les autres parties qui sont intérieures. — Le corps est humide et froid. Humide se prend ici dans le sens de Liquide, selon les théories d’Aristote. — Dans le lieu qu’il doit occuper. Il semble qu’il vaudrait mieux dire : « De la grosseur qu’ils doivent avoir ». Mais le texte ne parle que de Lieu. — De l’humidité qui est dans le cerveau. Cette explication n’est pas plus admissible que quelques-unes des précédentes. — Qui s’étendent des yeux à la méninge, ici, il n’y a plus à douter qu’il s’agisse des nerfs optiques, qui en effet se rendent du globe de l’œil à l’encéphale, où ils se ramifient. — La preuve… Cette prétendue preuve n’a rien de solide. — C’est donc une nécessité… La conclusion ne repose pas sur des prémisses démonstratives ; et la froideur du cerveau ne suffit pas à expliquer la grosseur des yeux, dans certains animaux, au début de la vie.