l’âme sensible, qui fait l’animal. Que l’âme nutritive soit de toute nécessité celle qu’on doit supposer la première, c’est ce qu’on peut voir clairement d’après ce que nous avons, ailleurs, dit de l’âme. § 3[1]. Ce n’est pas d’un seul coup que l’être devient animal et homme, animal et cheval ; et ceci s’étend à toutes les espèces également. Ce qui vient en dernier lieu, c’est le complément qui achève l’être ; et ce qui est propre à l’animal est la fin même de la génération de chacun des animaux. D’où vient l’intelligence, à quel moment, de quelle manière, vient-elle dans les êtres qui participent à cette sorte d’âme, c’est là une question des plus difficiles ; et il faut l’aborder résolument pour essayer de la résoudre, autant que nous le pourrons, et autant qu’elle peut être résolue.
§ 4[2]. Évidemment, il faut supposer que les spermes et les embryons qui ne sont pas encore séparés, possèdent l’âme nutritive en puissance, mais qu’ils ne l’ont pas
- ↑ Ce n’est pas d’un seul coup. Il semble que ce serait plutôt tout le contraire : dans les obscurités insondables de la génération, l’espèce est déterminée tout d’abord et en un instant indivisible : c’est un homme ou tel autre animal. Tout le développement postérieur dépend de cette condition initiale, la plus cachée de toutes. — Le complément qui achève l’être. C’est le développement que prend l’être aussitôt qu’il a été conçu. — D’où vient l’intelligence. Ou l’Entendement. C’est là une question toujours pendante, et comme le dit Aristote, une question des plus difficiles. La physiologie peut aborder le problème dans une certaine mesure : mais il appartient surtout à la philosophie.
- ↑ Qui ne sont pas encore séparés. C’est-à-dire, quand ils sont encore les uns dans le mâle, et les autres dans la femelle. — En puissance.. en fait. Ces formules sont ici mieux placées que partout ailleurs. Le passage de la simple possibilité à la réalité actuelles n’est nulle part mieux marqué que dans le mystère de la génération. L’ovule est un animal en puissance : il ne devient réel que par l’action de l’autre sexe. — Une fois séparés. C’est-à-dire, déterminés et distincts, de manière à former un individu nouveau. — La vie de la plante. C’est bien là en effet la vie intra-utérine — L’âme sensible… l’âme douée d’entendement. Voir le Traité de l’Âme, liv. II et III, de ma traduction.