— Le même cercle de raisonnements, c’est l’expression même du texte.
— Qui reste en repos, c’est-à-dire le corps qui a en lui-même le repos, sans que ce repos lui soit imposé par aucune cause étrangère.
— Aller à l’infini, en allant de corps en corps, se communiquant successivement le repos, sans s’arrêter à un seul qui l’eût primitivement en lui.
— Ce qui est impossible, c’est une sorte d’axiome, qu’Aristote a cent fois employé.
— Comme Empédocle le dit, voir plus haut, livre II, ch. 13, § 14, p. 199.
— La révolution du monde, Aristote a combattu cette théorie, qui pouvait cependant s’accorder avec la sienne. Mais le repos de la terre, au centre, lui paraissait naturel, au lieu d’être forcé.
— Dans quel lieu alors est-il porté ? je fais rapporter ceci au corps qui empêche l’autre de se mouvoir, et le force au repos. Simplicius au contraire le fait rapporter à la terre, et il se demande : « Si la révolution du monde ne forçait pas la terre au repos, dans quel lieu la terre serait-elle portée par son mouvement naturel ? » Ces deux sens sont également acceptables.</ref>. Mais ceci n’est pas moins évident si l’on considère le repos, au lieu du mouvement, parce qu’il faut aussi de toute nécessité que le repos soit ou forcé ou naturel. Un corps demeure par force en repos dans le lieu où il est porté par force, et il reste naturellement là où il est naturellement porté. Puis donc qu’évidemment il y a un corps qui demeure au centre, si c’est selon les lois de la nature qu’il y demeure immobile, il est clair aussi que le mouvement qui l’y porte est conforme à la nature. Mais si c’est par force qu’il y est porté, quel est alors ce quelque chose qui l’empêche d’avoir son mouvement propre ? Si ce quelque chose est en repos, nous pourrons faire le même cercle de raisonnements ; car il faut nécessairement ou que le primitif qui reste en repos soit naturellement soumis à ce repos ; ou bien il faudrait aller à l’infini, ce qui est impossible. Si le corps qui empêche le mouvement naturel est lui-même en mouvement, comme Empédocle le dit de la terre, qui, selon lui, ne reste en repos que par suite de la révolution du monde, dans quel lieu alors est-il porté ? Il ne peut pas l’être à l’infini ; car rien d’impossible ne se produit, et il est bien impossible de parcourir l’infini. Par conséquent, il faut nécessairement que le corps qui est ainsi en mouvement, s’arrête quelque part et y demeure en repos, non point par force, mais naturellement. Or, s’il y a un repos qui soit naturel, le mouvement qui porte le corps en ce lieu spécial où il s’arrête, est naturel également. § 3[1]. Aussi, quand Leucippe et Démocrite prétendent que les corps premiers
- ↑ Les corps premiers, c’est-à-dire les atomes. Voir la Physique, livre IV, ch. 8, § 4, p. 188 de ma traduction. — Dont ils parlent, j’ai ajouté ces mots. — Le premier mouvement, il aurait mieux valu dire peut-être : « le premier moteur » ; mais j’ai dl me conformer au texte. — Ce serait aller à l’infini et s’y perdre, il n’y a qu’un seul mot dans le grec. — Antérieur, en remontant toujours de proche en proche, sans jamais s’arrêter.