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Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/360

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si le moteur est unique, il n’y a nécessairement dès lors qu’un seul mouvement, de telle sorte que le mouvement n’est point irrégulier. Si, au contraire, les moteurs sont infinis en nombre, il faut aussi que les mouvements soient infinis comme eux ; car s’ils étaient en nombre fini, il y aurait, par cela seul, un certain ordre. En effet le désordre ne peut pas résulter de ce que le mouvement n’a pas lieu vers un seul et même point, puisque, même dans l’état actuel des choses, tous les corps ne sont pas portés indistinctement vers le même point, et que ce sont seulement les corps homogènes qui y sont portés. § 7[1]. De plus, dire que les corps ont un mouvement irrégulier, n’est pas autre chose que de dire qu’ils ont un mouvement contre nature ; car l’ordre spécial et propre des corps sensibles est précisément la nature de ces corps. Mais ce qui est absorbe et absolument impossible, c’est que l’infini ait un mouvement irrégulier ; car la nature des choses est précisément celle que présentent la plupart des choses, et qu’elles présentent pendant le plus de temps. Ainsi donc, ce serait ici tout le contraire de ce qu’on dit : ce serait le désordre qui serait naturel aux choses ; et l’ordre et la régularité, qui leur seraient contre nature. Et pourtant, rien de ce qui est selon la nature ne se produit au hasard.

§ 8[2].

  1. Un mouvement irrégulier, comme Platon le dit de la matière, avant que Dieu ne l’organisât. — C’est que l’infini, cette expression n’est pas très juste ; mais je n’ai pu la changer. Il faudrait dire : « C’est qu’il y ait un mouvement irrégulier durant un temps infini. » C’est là le sens qu’adopte aussi Simplicius, dans son commentaire. — Pendant le plus de temps, ainsi l’irrégularité ne peut durer pendant un temps infini ; car alors ce serait le désordre qui serait l’ordre. — Ne se produit au hasard, voir la réfutation du système du huard dans la Physique, livre II, ch. 4, p. 29 et suivantes de ma traduction.
  2. Par des éléments immobiles, selon Anaxagore, toutes choses étaient mêlées et immobiles, quand l’Intelligence vint y apporter l’ordre et le mouvement ; Physique, livre VIII, ch. f, § 4, p. 455 de ma traduction et la note sur Anaxagore. D’autres philosophes, Thalès, Anaximène et Héraclite, d’après Simplicius. — Comme ils peuvent, cette nuance d’ironie est dans le texte. — L’ordre du monde, le texte dit simplement : « Le monde. »