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Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/368

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plus particulièrement aux philosophes de l’école d’Ionie. Thalès et Hippon prenaient l’eau pour élément unique ; Anaximène et Diogène d’Apollonie prenaient l’air ; Hippase et Héraclite prenaient le feu ; Anaximandre enfin prenait un composé de feu, d’air et d’eau. Simplicius, qui cite ces diverses théories, cite aussi une opinion fort singulière de Théophraste, qui faisait sortir le feu des yeux de l’homme, et qui croyait prouver par là que le feu est en puissance dans les corps composés.

On ne pourrait pas dire davantage, j’ai dû ici développer un peu le texte pour le rendre plus clair. L’original est extrêmement concis. J’ai d’ailleurs suivi le sens indiqué par Simplicius.

Sont en puissance, car alors il faudrait qu’on pût les en isoler, comme on isole le feu du bois par la combustion.

Quel serait le mode de leur production, et à expliquer comment l’élément unique pourrait produire tous les composés que nous observons.</ref>. Si l’élément est bien ce qu’on vient de dire, il faut nécessairement qu’il y ait certains éléments de ce genre dans les corps. Ainsi, dans la chair, dans le bois, et dans chacun des autres corps analogues à ceux-là, il y a de la terre et du feu en puissance ; et l’on rend ces deux éléments visibles et distincts, en les séparant de ces corps. Mais ni la chair, ni le bois, ne préexistent réciproquement dans le feu, ni en puissance, ni en réalité ; car alors, on pourrait les en séparer. C’est par une raison semblable que, s’il n’existait qu’un seul élément, on ne pourrait pas dire davantage que les corps composés se retrouvent dans cet élément unique ; car, de ce qu’il y avait de la chair et de l’os, ou telle autre substance quelconque, on ne pourrait pas en conclure que ces composés sont en puissance dans cet unique élément. Mais il y aurait encore à voir quel serait le mode de leur production.

§ 4[1]. Anaxagore est d’un avis opposé à celui d’Empédocle, en ce qui concerne les éléments. Celui-ci prétend que le feu et la terre, et les éléments de même ordre, sont les éléments de tous les corps, et que tous les corps en sont composés. Anaxagore prétend tout le contraire ; et il soutient que les vrais éléments, ce sont les corps à parties similaires, les homoeoréries : c’est-à-dire, par exemple, la chair, l’os, et toutes autres choses analogues à celles-là tandis

  1. Anaxagore, voir pour la comparaison d’Anaxagore et d’Empédocle, la Physique, livre 1, ch. 5, § 3, p. 454 de ma traduction. — Et que tous les corps en sont composés, c’est l’opinion commune adoptée aussi par Aristote. — Les corps à parties similaires, c’est la traduction du mot grec, que j’ai cru devoir en outre reproduire. — Par exemple, la chair, l’os, c’est bien le sens du texte grec ; mais je ne sais si c’est bien là le système d’Anaxagore, qui serait alors fort au-dessous de celui d’Empédocle. — Un mélange de ces homoeoméries, le texte n’est pu ainsi formel. — Chacun d’eux, c’est-à-dire, l’air et le feu. — Qui d’ailleurs sont invisibles, ceci donne encore à croire que l’idée d’Anaxagore n’est pas bien représentée ici. La chair et l’os, considérées comme corps à parties similaires, sont parfaitement visibles et palpables. — Anaxagore confond le feu et l’éther, voir la même critique dans la Météorologie, livre 1, ch. 3, § 4, p. 9 de ma traduction.