LXVII Après Képler, il ne restait plus qu’à réduire, en quelque sorte, ces trois lois à une seule qui régît et le monde planétaire, et le monde sidéral, et l’univers entier. C’est ce qu’a fait Newton par la théorie de la gravitation (1642--1727). Depuis Newton jusqu’à nos jours, l’explication du système du monde n’a plus varié, et selon toute apparence elle ne variera pas. Elle a été vérifiée de mille manières, grâce à la découverte de mille faits nouveaux ; elle a été développée dans des formules plus complètes et plus rigoureuses, dont la Mécanique céleste de Laplace est le glorieux recueil. Jusqu’à preuve contraire, cette explication peut passer pour inattaquable, parce qu’elle rend compte de tous les phénomènes.
Mais je remarque que Copernic, Képler, Newton, les vrais inventeurs du système du monde, se sont livrés à la théorie et au calcul, bien plutôt qu’à l’observation. Ils ont consumé l’effort de leur génie à comprendre les faits bien plus encore qu’à les constater eux-mêmes. Partant des données fournies par d’autres et regardées comme exactes, ils ont, par l’entendement aidé du secours des mathématiques, pénétré les secrets de la nature. A côté d’eux, des astronomes attentifs et patients ont enregistré un à un tous les incidents dont le ciel est le théâtre ; mais eux, ils se sont servis de la géométrie plus que LXVIII