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Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/95

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à part et absolument privilégié. Laplace, avec l’autorité de sa science consommée, n’hésite pas à le dire : « L’homme fait pour la température dont il jouit sur la terre, ne pourrait pas, selon toute apparence, vivre sur les autres planètes[1]. »

Cette restriction est bien inutile ; car, à moins de vouloir entrer dans le pays des chimères, les détails même que donne Laplace, sur les planètes autres que notre globe, démontrent que la vie humaine n’est possible que sur cette planète, et ne l’est sur aucune autre. Le grand mathématicien se hâte d’ajouter, il est vrai : « Mais ne doit-il pas y avoir une infinité d’organisations relatives aux diverses températures des globes de cet univers ? » Qui peut dire le contraire ? Qui prétendrait limiter la toute puissance, qui éclate en traits si manifestes dans la constitution des mondes et dans l’ordre qui les gouverne ? Mais aussi, à quoi sert cette hypothèse ? Est-ce bien se montrer fidèle à la méthode tant recommandée, que de se permettre de semblables rêves, charmants, j’en conviens, dans le Micromégas de Voltaire[2], XC

  1. Laplace, Exposition du système du monde, Tome II, page 391, édition de 1824.
  2. Il ne faut pas oublier que Voltaire a été un des premiers promoteurs du système de la gravitation et un des plus ardents. Ses Éléments de la philosophie de Newton, sont de 1738, c’est-à-dire moins de dix ans après la mort du grand homme, et à une époque où presque personne, sur le continent, n’admettait ses Idées ; voir le Tome 38 de l’édition Beuchot. Ce fut aussi Voltaire qui suscita les études de madame Duchatelet et la traduction des Principes mathématiques de la philosophie naturelle.