Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome II, 1885.djvu/57

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§ 22[1]. De plus, les mouvements de choses étrangères refroidissent toujours ce qui est chaud ; mais il y a plus d’air dans des mouvements plus étendus, et l’air va plus de force. Aussi, aucun des animaux qui ont de grandes cavités, non plus qu’aucun de ceux qui ont de grandes veines, ne sont jamais chargés de graisse ni de chair ; tous les animaux qui sont gras, ou du moins le plus grand nombre, n’ont que des veines imperceptibles, ou de très petites cavités.

§ 23[2]. De tous les viscères, et généralement de toutes les parties du corps, le cœur est la seule qui ne puisse supporter jamais la moindre lésion sérieuse ; et cela se conçoit bien, puisque, le principe une fois détruit, il n’y a plus de salut possible pour toutes les autres parties qui s’y rattachent. Ce qui prouve que le cœur ne peut supporter de lésion d’aucun genre,

  1. Les mouvements de choses étrangères. Le texte dit précisément : « Les mouvements étrangers ». Il est probable que l’auteur veut désigner par là des mouvements qui ne viennent pas de l’animal lui-même, et qui lui sont communiqués du dehors. — Il y a plus d’air… Ceci encore est assez obscur. — Ne sont jamais chargés de graisse. Je ne sais pas si la science moderne a confirmé ces observations, qui sont tout au moins très curieuses. — Qui sont gras. J’ai ajouté ces mots pour plus de clarté ; le texte dit simplement : « Qui sont de cette façon ». Il semble que cette indication ne peut se rapporter qu’aux animaux qui viennent d’être désignés, comme chargés de chair et de graisse.
  2. . La moindre lésion sérieuse. Il faut sans doute entendre par là une blessure quelconque, bien que le texte ne le dise pas clairement ; mais le cœur n’en a pas moins ses maladies, comme tous les autres organes ; et ces maladies peuvent durer fort longtemps ; Aristote ne pouvait l’ignorer. — De lésion d’aucun genre. La preuve qu’Aristote essaie de donner de cette assertion n’est pas décisive ; et il est bien probable qu’en observant de plus près le cœur des victimes, on y aurait souvent découvert des lésions de diverses sortes. — Comme le sont les autres viscères. Le cœur a ses maladies spéciales comme les autres viscères ont les leurs, des hypertrophies, des inflammations, etc. Mais quoi qu’il en soit, on doit louer Aristote d’avoir porté ses investigations, même insuffisantes, sur les victimes, qui, dans l’Antiquité, étaient l’occasion d’observations nombreuses et faciles. — Ainsi, les reins… Tous ces détails sont exacts ; mais le cœur n’est pas exempt de toutes ces affections. — Près de l’artère. Aristote entend par là la trachée-artère exclusivement ; mais la trachée-artère est encore assez éloignée du poumon, avec lequel elle ne communique que par ses deux branches, les bronches. — De sa jonction avec la grande veine. Ordinairement, la grande veine pour Aristote est la veine cave supérieure ; le foie en est fort éloigné, puisqu’il est au-dessous du diaphragme et que la veine cave est au-dessus. Un sillon que présente le foie à sa partie moyenne et postérieure renferme le tronc de la veine-porte, celui des artères hépatiques et des canaux biliaires. — Communiquent… avec le cœur. Il n’y a pas de communication du foie avec le poumon ; et le cœur lui-même ne communique que très indirectement avec le poumon, si toutefois on peut dire même qu’il communique ; voir la même erreur dans l’Histoire des Animaux, liv. III, ch. III, § 6, p. 230 de ma traduction. — Quand on les dissèque. Le texte ne peut avoir un autre sens ; et ceci est une preuve de plus à joindre à tant d’autres pour affirmer qu’Aristote a beaucoup disséqué, et qu’il a étudié les viscères des animaux avec autant de soin que nous, si ce n’est avec autant de succès.