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Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/137

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ristote. Nous ne nous plongerons pas dans les ténèbres de cette partie de l’histoire littéraire, que n’a point complètement dissipées la savante dissertation d’Eusèbe Renaudot[1], d’où nous tirons ces détails. Qu’il nous suffise de constater, et c’est-là un résultat qui sort clairement des profondes recherches de cet orientaliste : 1o que la langue grecque n’a jamais été cultivée par les Arabes ; 2o que leurs traductions d’Aristote ne dérivaient point directement du grec, mais d’anciennes versions syriennes, hébraïques, arméniennes, ou même latines, dont il ne reste pas d’autre trace, et que les translateurs, tous étrangers, Syriens la plupart, tel que Bochtiechva ne connaissaient probablement pas les textes originaux ; 3o enfin que les philosophes arabes, Avicenne, Alfarabi et les autres, tous commentateurs d’Aristote, tous de grands commentateurs, Averroès surtout, ne savaient pas le grec, ne voyaient Aristote qu’à travers la version d’une version, et n’avaient, pour ainsi dire, la doctrine que de troisième main. Le fait, pour être singulier, n’en est pas moins authentique ; mais ce qu’il y a de plus étrange encore, c’est qu’on traduisit en d’autres langues ces versions de versions, en hébreu, en arménien peut-être, mais certainement en latin : toutes les grandes bibliothèques de l’Europe renferment des manuscrits de traductions arabes-latines de quelques-uns des ouvrages d’Aristote.

M. Jourdain, dans son mémoire couronné par

  1. De Barbaricis Aristotelis versionibus, insérée dans le tome troisième de la Bibliothèque grecque de Fabricius, édit. de Harles, p. 294, sqq.