Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/169

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res, et l’art au contraire celle du général[1]. Or, tous les actes, tous les faits sont dans le particulier. Car ce n’est pas l’homme que guérit le médecin, sinon accidentellement, mais Callias ou Socrate, ou quelque autre individu qui se trouve appartenir au genre humain. Si donc quelqu’un possède la théorie sans l’expérience, et que, connaissant le général, il ignore le particulier qui y est contenu, celui-là se trompera souvent dans le traitement de la maladie. En effet, ce qu’il s’agit de guérir, c’est l’individu. Toutefois, la connaissance et l’intelligence, suivant l’opinion commune, sont plutôt le partage de l’art que de l’expérience, et les hommes d’art passent pour être plus sages que les hommes d’expérience, car la sagesse, chez tous les hommes, est en raison du savoir. Et c’est parce que les uns connaissent la cause, et que les autres l’ignorent. En effet, les hommes d’expérience savent bien que telle chose est[2], mais ils ne savent pas pourquoi elle est[3] ; les hommes d’art, au contraire connaissent le pourquoi[4], et la cause. Aussi bien pensons-nous que les chefs des ouvriers, de quelque travail qu’il s’agisse, ont plus de droit à nos respects que les manœuvres ; qu’ils ont plus de connaissances et qu’ils sont plus savants, parce qu’ils savent les causes de ce qui se

  1. « C’est par la connaissance du général que nous avons l’intelligence du particulier. Il n’y a pas de mode de connaissance propre au particulier. » Analyt. prior. l. II, 21. Bekk., p. 67. Voyez aussi Analyt. poster., l. I, 1. Bekk., p. 71.
  2. Τὸ ὅτι.
  3. Διότι
  4. Τὸ διότι.