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IV.

On croirait qu’Hésiode entrevit jadis quelque chose d’analogue, et, avec Hésiode, tous ceux qui ont admis dans les êtres, l’Amour ou le désir comme principe, par exemple, Parménide. Ce dernier dit dans son explication de la formation de l’Univers :

Il créa l’Amour le plus ancien de tous les Dieux[1] ;

Hésiode, de son côté, s’exprime ainsi :

Longtemps avant toutes choses exista le Chaos ; après lui
La terre au large sein…
Et l’Amour, qui est le plus beau de tous les Immortels[2] ;

comme s’ils reconnaissaient qu’il faut qu’il y ait dans les êtres une cause capable d’imprimer le mouvement et de donner le lien aux choses. Nous devrions examiner à qui appartient la priorité de cette découverte ; mais nous demandons qu’il nous soit permis de décider plus tard cette question[3].

Comme on vit qu’à côté du bien le contraire du bien se montrait aussi dans la nature ; qu’à côté de l’ordre et de la beauté, s’y trouvaient le désordre et la laideur ; que le mal semblait l’emporter sur le bien, et le laid sur le beau, un autre philosophe introduisit

  1. Simon Karsten, Parmenid. Eleat. reliquiæ, p. 42.
  2. Hésiode, Theogon., v. 116.
  3. Aristote n’a pas tenu cette promesse. Nulle part dans la Métaphysique la question n’est discutée. Elle ne l’est même dans aucun des ouvrages d’Aristote qui nous sont restés.