Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/186

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autre cause plutôt qu’à l’intelligence qu’il attribue la production des phénomènes[1]. Empédocle se sert des causes plus qu’Anaxagore, il est vrai, mais d’une manière encore insuffisante, et ne sait pas bien, en les employant, s’accorder avec lui-même. Souvent, chez ce philosophe, c’est l’amitié qui sépare, c’est la discorde qui réunit. En effet, quand le tout se divise en ses éléments par la discorde, alors les particules du feu se réunissent en un tout, ainsi que celles de chacun des autres éléments. Et quand l’amitié réduit tout à l’unité par sa puissance, alors au contraire les particules de chacun des éléments sont forcées de se séparer. Empédocle, on le voit, se distingua de ses prédécesseurs par la manière dont il se servit de la cause dont nous nous occupons : il fut le premier qui la partagea en deux. Il ne fît pas un principe unique du principe du mouvement, mais deux principes différents et opposés l’un à l’autre. Et puis, quant au point de vue de la matière, il est le premier qui ait reconnu quatre éléments. Toutefois il ne s’en sert pas comme s’ils étaient quatre, mais comme s’ils n’étaient que deux, le feu d’un côté à lui seul, de l’autre, les trois éléments opposés, la terre, l’air et l’eau considérés comme une seule nature. C’est là du moins l’idée qu’on peut

  1. Platon fait dire à Socrate dans le Phédon, c. XLVII, p. 98 : « Je vois un homme qui n’emploie l’ Intelligence à aucun usage, et qui donne pour causes à l’arrangement de l’univers, non pas des causes véritables, mais des airs, des éthers, des eaux, et toutes sortes de choses aussi étranges. » Voyez toute cette peinture si vive du désappointement de Socrate à la lecture des livres d’Anaxagore.