Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/195

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Mais certes, deux et double ne sont pas la même chose dans leur essence ; sinon, un être unique serait plusieurs êtres, et c’est là la conséquence du système pythagoricien.

Telles sont les idées qu’on peut se former des doctrines des plus anciens philosophes et de leurs successeurs.

VI.

À ces diverses philosophies succéda celle de Platon[1], d’accord le plus souvent avec les doctrines pythagoriciennes, mais qui, quelquefois aussi, a ses vues particulières, et s’écarte de l’École Italique. Platon, dès sa jeunesse, s’était familiarisé dans le commerce de Cratyle[2], son premier maître, avec cette opinion d’Héraclite que tous les objets sensibles sont dans un écoulement perpétuel, et qu’il n’y a pas de science possible de ces objets. Plus tard il conserva cette même opinion. D’un autre côté, disciple de Socrate[3], dont les travaux, il est vrai, n’embrassèrent que la morale, et nullement l’ensemble de la nature, mais qui toutefois s’était proposé dans la morale le général comme but de ses re-

  1. Né à Athènes, l’an 430 ou 429 avant J.-C. ; mort en 348.
  2. Disciple d’Héraclite, Cratyle exagéra encore ses doctrines, comme on le verra plus tard, liv. IV, chap. 5 ; il alla jusqu’à condamner les hommes au silence absolu, à cause de l’absolue incertitude de toutes choses.
  3. Né à Athènes en 470 ou 469, mort en 400.