Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plusieurs semblables, tandis que chaque idée est seule de son espèce.

Les idées étant les causes des autres êtres, il regarda leurs éléments comme les éléments de tous les êtres : sous le point de vue de la matière, les principes sont le grand et le petit ; sous le point de vue de l’essence, c’est l’unité. Car, c’est en tant qu’elles ont le grand et le petit pour substance, et que d’un autre côté elles participent de l’unité, que les idées sont les nombres. Sur ce point que l’unité est l’essence par excellence, et que rien autre chose ne peut prétendre à ce titre, Platon est d’accord avec les Pythagoriciens ; que les nombres soient les causes de l’essence des autres êtres, c’est ce qu’il reconnaît encore avec eux. Mais remplacer par une dyade[1] l’infini considéré comme un, constituer l’infini de grand et de petit, voilà ce qui lui est particulier. De plus, il place les nombres en dehors des objets sensibles, tandis que ceux-ci prétendent que les nombres sont les objets eux-mêmes, et n’admettent point les êtres mathématiques comme intermédiaires. Si, contrairement aux Pythagoriciens, il plaça ainsi l’unité et les nombres en dehors des choses, et fit intervenir les idées, cela tenait à ses études sur le carac

  1. Δυάς, et ailleurs δυὰς ἀόριστος. Cette expression n’est probablement pas de Platon, mais des philosophes platoniciens. Voyez Trendelenburg Plat, de ideis, etc., p. 47 sq. Elle désigne le principe matériel, ce qu’Aristote appelle ὕλη, ὑποκείμενον ; c’est cette nature potentielle, cet être indéterminé qui est à la fois les contraires, et qui, en se réalisant, peut également devenir l’un ou l’autre. Les Pythagoriciens adoptèrent aussi cette expression. Mais, pour eux, la dyade n’est pas la matière en tant que dyade, elle l’est comme premier terme multiple