Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/213

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modèles des êtres sensibles ; elles seront encore les modèles d’elles-mêmes : tel sera le genre, en tant que genre d’idées ; de sorte que la même chose sera à la fois modèle et copie[1]. Et puis il est impossible, ce semble, que l’essence soit séparée de ce dont elle est l’essence : comment dans ce cas les idées qui sont l’essence des choses pourraient-elles en être séparées ? On nous dit dans le Phédon, que les idées sont les causes de l’être et du devenir[2] ; et, cependant, même en admettant les idées, les êtres qui en participent ne se produisent pas, s’il n’y a pas de moteur. Nous voyons au contraire se produire beaucoup d’objets, dont on ne dit pas qu’il y ait des idées, une maison, un anneau : il est évident alors que les autres choses peuvent être ou devenir par des causes analogues à celles des objets en question.

Ensuite, si les idées sont des nombres, comment ces nombres seront-ils causes ? Est-ce parce que les êtres sont d’autres nombres, par exemple, tel nombre

  1. L’espèce homme est une idée, et par conséquent un exemplaire par rapport aux hommes particuliers qu’elle comprend. Mais le genre animal qui comprend l’espèce homme, est une idée aussi, et par conséquent un exemplaire par rapport à l’idée d’homme. L’idée d’homme est donc à la fois exemplaire et copie. Note de M. Cousin.
  2. Cette proposition ne se trouve pas textuellement dans le dialogue, mais elle est le résumé complet de toute cette partie du Phédon dans laquelle Platon a jeté les fondements de la théorie des idées. Voyez Phédon, XLIX. sq., p. 100 sq. —Asclépius voit dans ce passage d’Aristote une preuve sans réplique de l’authenticité du Phédon attaquée par un certain Panétius : « Aristote réfute Platon, ajoute-t-il, et c’est en s’attaquant à ses doctrines qu’il invoque le témoignage du Phédon. » Schol., p. 576.