selon Aristote, a véritablement la science, qui connaît le général, bien qu’il puisse se montrer moins habile dans tel cas particulier. L’architecte construirait plus difficilement le palais que le dernier des manœuvres ; mais il donne les plans, il les fait exécuter.
Expérience de la conscience, expérience interne, quelque nom qu’on lui donne, tel est, avec l’expérience sensible, le premier degré de la méthode d’Aristote ; mais cette méthode est encore expérimentale à d’autres titres. — Ce n’est pas assez pour le philosophe de consulter ses sens et sa raison : autour de lui on observe ; de tout temps l’humanité a observé ; et le résultat de ces observations successives, consigné dans le langage, constitue le sens commun. Expression juste ordinairement, quoique vague, de la vérité, le sens commun n’est pas à dédaigner pour le philosophe : Aristote ne repousse point ses lumières, il les invoque au contraire ; ce qu’il veut avant tout, c’est la science, et il la cherche partout où il espère en rencontrer quelque parcelle : il demande à la langue, à la pensée vulgaire, la définition de la philosophie ; il retrouve la vérité jusque dans les vers des poètes, jusque dans les proverbes populaires, la dégage des voiles épais dont elle se couvre, et la fait rentrer dans le domaine de la science.
Au-dessus des poèmes et des proverbes, expression spontanée de la pensée humaine, se rencontrent les méditations des philosophes. La philosophie n’était pas née de la veille à l’époque d’Aristote ; déjà bien des hommes avaient consacré leurs loisirs à l’étude des grandes questions de la nature ; ils avaient travaillé à