Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/285

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Le même raisonnement s’applique aussi dans le cas contraire. Être homme et n’être pas homme signifient donc des choses différentes. D’ailleurs, être blanc et être homme ne sont pas la même chose ; or, les deux autres expressions sont plus contradictoires ; elles différent donc encore plus par le sens.

Que si l’on va jusqu’à prétendre qu’être blanc et être homme signifient une seule et même chose, nous répèterons ce que nous avons déjà dit auparavant : il y aura identité de toutes choses, et non pas seulement des opposés. Or, si cela n’est pas admissible, il s’ensuit que notre proposition est vraie. Il suffit que notre adversaire réponde à la question. En effet, rien n’empêche que le même être soit homme, et blanc, et une infinité d’autres choses encore. Mais de même que, si l’on pose cette question : Est-il ou n’est-il pas vrai de dire que tel objet est un homme ? il faut que le sens de la réponse soit déterminé, et qu’on n’aille pas ajouter que l’objet est blanc, grand, car le nombre des accidents étant infini, on ne peut les énumérer tous ; or, il faut ou les énumérer tous, ou n’en énumérer aucun : de même encore, quoique le même être soit une infinité de choses, ainsi, homme, non-homme, etc., à cette question : Est-ce là un homme ? il ne faut pas qu’on réponde qu’il est encore en même temps non-homme, à moins qu’on n’ajoute à la réponse tous les accidents, tout ce que l’objet est et n’est pas. Or, agir ainsi, ce n’est plus discuter.

D’ailleurs, admettre un pareil principe, c’est détruire complètement toute substance et toute essence. On est forcé alors de prétendre que tout est accident ;