Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/303

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une pareille question, c’est se demander si on est en ce moment endormi ou éveillé. Toutes les difficultés de ce genre ont la même valeur. Ces philosophes pensent qu’on peut rendre raison de tout ; car ils cherchent un principe, et veulent y arriver par voie de démonstration. Mais leurs actions mêmes prouvent qu’ils ne sont point persuadés de la vérité de ce qu’ils avancent ; ils tombent dans l’erreur dont nous avons parlé : ils veulent se rendre raison de choses dont il n’y a pas de raison. En effet, le principe de la démonstration n’est pas une démonstration ; et il serait aisé d’en convaincre ceux qui doutent de bonne foi ; car cela n’est point difficile à comprendre. Mais ceux qui ne veulent se rendre qu’à la force du raisonnement, demandent l’impossible ; ils demandent qu’on les mette en contradiction, et commencent par admettre les contraires.

Cependant, si tout n’est point relatif, s’il y a des êtres en soi, on ne pourra dire que tout ce qui paraît est vrai ; car ce qui paraît, paraît à quelqu’un. De sorte que dire que tout ce qui paraît est vrai, c’est dire que tout est relatif. Que ceux qui demandent une démonstration logique prennent donc bien garde : il leur faut admettre, s’ils veulent entrer dans une discussion, non point que ce qui paraît est vrai, mais que ce qui paraît est vrai pour celui à qui il paraît, quand il paraît, où, et comme il parait. S’ils s’offrent à la discussion, mais ne veulent pas ajouter ces restrictions à leur principe, ils tomberont bien vite dans l’opinion de l’existence des contraires. En effet, il se peut que la même chose paraisse à la vue être du miel, et ne le