Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/36

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plante produit la plante, si l’homme engendre l’homme, quel est donc le rapport de ces existences individuelles avec la cause première de tout mouvement ; car la chaîne des productions ne peut aller à l’infini ? Dieu n’est-il que l’organisateur d’une matière éternelle indépendante de sa propre substance ? C’est-là ce qui sort de l’étude de la Métaphysique d’Aristote. Il restait donc à identifier la forme avec la pensée éternelle, la matière avec la forme ; restait à s’élever à l’idée d’un dieu créateur, cause et substance de tout ce qui est. Là seulement était l’unité, là était la véritable conciliation de toutes les contradictions. Ce progrès, on pourrait croire qu’Aristote l’a entrevu ; quelques passages du XIIe livre le laisseraient supposer ; cependant il n’a point clairement exprimé cette idée, et, il faut l’avouer, il y a là un abîme que l’antiquité ne devait point franchir.

Si Aristote n’a point assez généralisé, du moins il ne supprime aucun des faits de la science : en admettant un trop grand nombre de causes, il aura répandu quelques nuages sur des questions importantes ; mais ces questions subsisteront, la route n’est pas fermée aux siècles futurs. Ceci, du reste, ne peut l’embarrasser dans la critique des systèmes. Les philosophes antérieurs n’avaient pas cherché davantage la conciliation ; ils étaient beaucoup moins complets d’un autre côté. Platon avait admis l’existence éternelle de la matière ; bien plus, il avait omis (telle est du moins l’opinion d’Aristote), deux des quatre principes, la cause du mouvement, et le bien, la cause finale. Le système d’Aristote est donc une mesure assez large