Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/38

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a diversement apprécié les motifs d’une telle conduite ; et malgré les efforts des critiques anciens et modernes, tous les doutes qu’a soulevés cette question sont loin d’être éclaircis. La théorie des idées, par exemple, n’est point dans Aristote ce qu’elle est dans Platon. Aristote d’ailleurs ne la renverse qu’en l’isolant au milieu du système, en la séparant de tout ce qui pouvait la rendre plausible ; il est peu de doctrines qui puissent résister à une pareille mutilation.

Les premières spéculations philosophiques furent nécessairement vagues et incomplètes, les principes ne furent considérés d’abord que sous le point de vue de la matière. C’est dans ce sens que furent dirigées toutes les recherches de l’école Ionienne ; les spéculations de cette école ne vont pas au-delà du principe matériel. Thalès et Hippon admettent un seul élément, l’eau ou l’humide ; Hippase de Métaponte et Héraclite font naître l’univers des transformations successives du feu, principe plus subtil : c’est le feu qui produit l’ordre ou les bouleversements du monde. Empédocle porte le nombre des éléments jusqu’à quatre. Anaxagore l’étend à l’infini ; mais toujours ces éléments sont considérés comme matériels. Le principe de tous les êtres, c’est la matière, la substance, une ou multiple, persistant la même sous toutes les modifications, c’est ce dont provient toute chose, ce à quoi toute chose aboutit. Le tort de ces philosophes c’est, selon Aristote, ne donner que les principes des êtres corporels, quoiqu’il y ait aussi des êtres incorporels ; ou plutôt c’est d’expliquer les êtres incorporels au moyen des principes de la matière.