Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/415

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D’ailleurs, que ce mot se rapporte ou non à l’Amitié et à la Discorde, le sens reste au fond toujours le même ; ces honneurs entre lesquels le temps se partagerait, ce sont les hommes alternatifs de la Discorde et de l’Amitié.

Maintenant, que signifie ὅρκος πλατύς ? Sturtz renvoie d’abord à un autre passage d’Empédocle :

Ἔστιν ἀνάγκης χρῆμα, θεῶν ψήφισμα παλαιὸν,
Ἀΐδιον, πλατέεσσι κατεσφρηγισμένον ὅρκοις,

où ces mots signifient évidemment comme Sturtz traduit : jusjurandum firmum, scil. sanctum, p. 574. Mais il ajoute ensuite : « Hoc tamen loco verti potest naturœ nécessitas,  ineluctabile fatum. Itaque verba πλ. παρ’ ἐλήλατο (c’est ainsi qu’on doit écrire suivant Sturtz) ὅρκου verto : a naturœ necessitate advectum est, hoc est adductum et destinatum venit. p. 582. » Ce sens nouveau, de ὅρκ. πλ., Sturtz ne l’appuie d’aucun exemple, d’aucune preuve ; c’est une simple hypothèse. Sturtz y a été conduit sans doute par sa manière d’écrire le mot παρελήλατο. En effet, si παρά a pour régime πλ. ὅρκ., le temps qui s’élance d’auprès du serment sacré n’ayant absolument aucun sens, il a bien fallu inventer une signification à πλατέος ὅρκου ; et même nous ne comprenons pas bien que Sturtz écrivant ainsi, ait proposé le premier sens. Bessarion avait traduit avant nous : « Quod eis cum alternum sit, amplum præcessit jusjurandum. » On se rappelle d’ailleurs le raisonnement fameux du Ier liv., ch. 3, p. 15. Le serment, suivant les anciens, était la chose antique et sacrée par excellence. Empédocle ne trouve pas de meilleur moyen de caractériser, l’antiquité du temps, plus grande encore, que cette idée : Il a procédé même le serment.

Nous ne nous arrêterons pas à l’interprétation que le vieux traducteur a donnée de ces vers. Elle est entièrement arbitraire : « Sed itaque magnum odium in membris nutritum est, et ad honorem intendebat perfecto tempore, qui mutabilis (sic) dissolvit sacramentum. »