Aristote répond d’abord à tous ces philosophes, qu’ils n’ont considéré que le monde terrestre, et que leurs conclusions fussent-elles vraies relativement à ce monde, l’homme pourrait encore trouver la certitude dans des régions plus élevées ; qu’en négligeant le témoignage des sens, il pourrait s’en rapporter au témoignage de ses autres facultés :
« Cet espace qui nous environne, dit-il, le lieu des objets sensibles, le seul qui soit soumis aux lois de la production et de la destruction, n’est qu’une portion nulle, pour ainsi dire, de l’univers. De sorte qu’il eût été plus juste d’absoudre ce bas monde en faveur du monde céleste, que de condamner le monde céleste à cause du premier[1]. »
Mais sans attaquer ces philosophes d’un point de vue qui n’est pas le leur, il consent à se renfermer dans le cercle étroit où ils ont circonscrit leurs recherches ; il suppose un instant, avec eux, que la connaissance ne porte que sur les objets sensibles.
Il n’est point vrai, même dans cette hypothèse, de dire que toutes les apparences sont vraies ; une chose est, ou elle n’est pas, elle ne varie point suivant l’opinion qu’on s’en forme. S’il y a dissidence, diversité de jugements ou de goûts, cela tient à l’homme, et non pas aux choses elles-mêmes. On ne conteste point l’existence de la lumière, parce qu’il y a des aveugles ; on n’est pas plus fondé à admettre l’opinion d’un malade et d’un homme dont le goût est perverti, s’il s’agit des qualités de telle ou telle substance : il faut s’en rap-
- ↑ Mét., IV, 6.