Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/68

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était à Athènes, se lève le matin pour se rendre à l’Odéon.

Un pareil système irait à dire qu’il n’y a d’autre réalité que la sensation ; que, sans les êtres sensibles il n’y aurait absolument rien ; que le monde n’existe que dans la pensée de l’homme : à elles seules, ces conclusions suffisent pour le réfuter. « La conséquence qui sort d’un pareil système, dit Aristote, est réellement affligeante. Si telles sont les opinions des hommes qui ont le mieux vu toute la vérité possible, et ces hommes sont ceux qui recherchent la vérité avec ardeur, et qui l’aiment…, comment aborder sans découragement les problèmes philosophiques ? Chercher la vérité, ne serait-ce pas vouloir atteindre des ombres qui s’envolent[1] ? »

Heureusement pour la science, la raison humaine a tellement foi en elle-même, qu’elle ne peut point, quoi qu’elle fasse, mettre en doute sa propre autorité. Il est impossible, on peut le reconnaître sans danger, de démontrer que nos facultés ne nous trompent pas. En vain aurions-nous une faculté supérieure même à la raison ; elle tomberait, elle aussi, sous l’éternelle objection. Mais il n’est pas moins impossible de douter réellement ; on peut bien professer le scepti-

  1. Mét. IV, 5. — Quelque triste que soit cette doctrine, elle a souvent été professée. Elle est la conséquence nécessaire du système de Locke sur les idées, et Berkeley et Hume l’en ont fait sortir. Elle se retrouve même, en partie du moins, dans la philosophie écossaise. Les qualités secondes, d’après Reid, ne sont pas perçues directement et en elles-mêmes ; avant d’avoir été associées aux qualités premières, elles ne sont que des causes inconnues de sensations, elles sont subjectives.