lui, qui ne se trouve dans aucun autre être que dans lui-même.
Ici, une grave difficulté se présente : sans doute il y a des individus dans la nature, et il est indispensable de déterminer en quoi ils consistent, quelle est leur forme, leur caractère essentiel ; mais il y a aussi des genres, des espèces, et ces genres ne sont pas de vaines conceptions de notre esprit : nous ne les constituons pas par notre pensée ; ils ont une existence qui ne dépend pas de nous. La science doit les expliquer, eux aussi : elle doit nous dire quels sont ces caractères communs qui apparaissent dans les êtres de même genre et de même espèce ; il lui faut, tout en admettant que chaque être a sa substance propre, reconnaître aussi qu’il y a des types premiers, qui se reproduisent dans chacun d’eux : après avoir fait la science de l’individuel, il faut faire la science du général.
Aristote a senti la difficulté, il ne l’a pas complètement résolue. Selon lui, les principes sont différents pour les différents êtres ; et, quand il veut expliquer les caractères généraux que présentent les individus d’un même genre, ou il se contente de dire que les principes sont identiques par analogie, ou bien il regarde la forme non plus comme la cause de l’individualité, mais comme un principe générique ; il rétablit sous un autre nom cette théorie des idées qu’il a si souvent et si vivement combattue.
La matière semble, au premier abord, porter plus que tout le reste le caractère de substance : elle n’a ni forme, ni qualité, ni aucun attribut ; elle est le sujet persistant sous les diverses modifications, elle seule de-