Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

but inhérent au sujet, c’est une qualité essentielle et sans laquelle on ne peut le concevoir : musicien et blanc ne sont pas la forme de Socrate, on peut le concevoir sans ces attributs, ils peuvent en être séparés sans que l’être soit anéanti ; la forme, au contraire, ne saurait être séparée, sans qu’il y ait destruction de l’objet. La forme de Socrate, c’est l’homme, si l’on considère Socrate comme esprit et corps ; c’est l’âme, si l’on envisage Socrate sous un point de vue plus restreint, seulement comme intelligence.

Cette forme, cette essence pure est éternelle ; elle ne se produit point dans un être, elle s’y réalise. Cause de l’existence des objets, la forme ne périt pas avec eux ; la seule chose qui périsse, c’est l’union de telle forme et de telle matière ; la forme périt dans un objet, sans périr elle-même : elle n’est sujette ni aux lois de la production, ni à celles de la destruction.

On pourrait se demander ici quelle est donc cette forme qui, cause de l’existence Individuelle, se reproduit cependant dans une multitude d’êtres. Est-ce bien réellement dans la forme que consiste l’individu ? et, s’il en est ainsi, comment faire de la forme un principe général ? Elle ne peut être admise à ce double titre : ou elle est l’essence même de chaque être, sa nature propre, ou elle est la généralité qui se reproduit dans tous les individus du genre ; elle ne peut être l’un et l’autre à la fois. La forme de Socrate, c’est, ou bien le caractère propre de Socrate, ce qui le distingue de tous les autres hommes, ou bien l’homme en général, c’est-à-dire le caractère qui lui est commun avec l’espèce. Pour Aristote, la forme n’a que le premier de ces carac-