Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/89

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ques, comme on les appelle dans la langue de la philosophie moderne. La grande et profonde théorie de l’être sensible dont nous avons essayé de donner une idée, n’est pour Aristote qu’un moyen et non un but ; le but véritable c’est la connaissance de Dieu, car l’objet de la philosophie première, c’est Dieu même.

Toute production vient ou de la nature, ou de l’art, ou du hasard. La science ne s’occupe pas des productions du hasard ; Aristote nous a dit plus haut par quels motifs. Quant aux autres productions, celles de l’art et celles de la nature, elles ne sont pas des productions dans le sens absolu qu’on semble attribuer à ce mot ; elles ne sont que la réalisation de la forme éternelle et incréée dans une matière éternelle, incréée. Ainsi, lorsqu’on dit qu’un homme est produit par un homme, qu’un arbre naît d’une semence, cela signifie qu’une forme préexistante se réalise dans une matière préexistante ; cette forme qui se réalise, elle était déjà dans un autre être, dans l’arbre qui a produit la semence, dans l’homme qui a engendré. L’individu, homme ou arbre, est cause de l’individu, mais non pas cause absolue. Son action est subordonnée à certaines conditions nécessaires, à des causes coopérantes, comme les nomme quelque part Aristote[1]. Il y en a d’immédiates, il y en a de plus éloignées ; elles se rattachent les unes aux autres, mais la série des causes ne se prolonge pas à l’infini. On remonte de cause en cause, de l’homme à ce qui le fait vivre, puis aux lois de son existence, puis aux mouvements généraux du

  1. Mét., V, 5.