Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/91

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non point l’objet. Mais prétendre que les contraires ont une existence simultanée, ou, ce qui revient au même, que tout est en acte, en un mot, nier le mouvement, c’est se mettre en contradiction avec l’évidence, c’est écarter la difficulté par une fin de non-recevoir, et non pas la résoudre.

Aristote résout la question d’une manière bien plus rationnelle en disant que les contraires existent, il est vrai, dans les êtres, mais qu’ils y sont en puissance et non en acte. Ainsi il y a dans le vin une matière première, qui, en puissance, est vin et vinaigre ; elle peut devenir successivement l’un et l’autre, elle n’est point l’un et l’autre à la fois. On peut admettre au même titre l’existence d’un milieu entre deux opposés, milieu par lequel s’opère le passage entre les deux extrêmes ; entre le blanc et le noir il y a le rouge, qui n’est pas l’un, et l’autre absolument parlant, mais qui tient de l’un et de l’autre et qu’il faut traverser pour aller du blanc au noir. De même aussi entre le vin et le vinaigre il y a un intermédiaire, participant de l’un et de l’autre, et à travers lequel s’opère le passage. Il n’y a pas transformation immédiate du vin en vinaigre ; il y a d’abord résolution de l’objet dans ses éléments premiers, c’est-à-dire dans une matière qui est le milieu entre les deux extrêmes. C’est dans ce sens qu’Aristote dit que pour aller d’un extrême à un autre il faut passer par un milieu, et que ce milieu n’existe qu’entre les extrêmes ; car le passage ne s’opère que d’un extrême à un autre[1]. Cependant il ne peut pas y avoir transformation de tout en tout. Pour que deux choses se chan-

  1. Mét., X.