Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un moteur ; et comme il ne peut pas y avoir une série infinie de principes, il faut nécessairement s’arrêter à une cause première[1], qui communique le mouvement sans l’avoir reçu, et qui a en elle-même la raison de son existence. C’est, sous une forme synthétique, la démonstration de l’existence de Dieu par l’axiome de causalité ; démonstration qui est devenue vulgaire, comme tout ce qui est vrai ; qui n’était pas nouvelle même du temps d’Aristote, mais qu’il a mise à l’abri de toute contestation, en établissant qu’il ne peut y avoir une série infinie de causes.

L’éternité du moteur se prouve par l’éternité du mouvement dont il est le principe, et par l’éternité du temps. « Il est impossible que le mouvement ait commencé ou qu’il finisse ; il est éternel : de même le temps ; car si le temps n’existait pas, il ne pourrait y avoir ni antériorité ni postériorité. Le mouvement et le temps ont la même continuité ; car ou bien ils sont identiques l’un à l’autre, ou bien le temps est un mode du mouvement »[2]. Dans l’un ou l’autre cas il faut que le mouvement soit éternel comme le temps, et de là on conclut l’éternité du moteur. Cet

  1. La légitimité des conclusions de l’effet à la cause n’a jamais été mise en doute dans l’antiquité. Le scepticisme relativement à l’existence de Dieu et à la Providence, s’appuyait uniquement sur le désordre de l’univers. Dans les temps modernes les progrès de la science ne permettant plus d’élever aucun doute sur l’harmonie du monde, on abandonna cette arme devenue impuissante, et Hume donna une nouvelle base au scepticisme en prétendant que le principe de causalité n’avait aucune valeur, que nous n’avions pas même l’idée de cause.
  2. Mét., XII, 6.