Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/131

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la nature des êtres, avons-nous dit en traitant des difficultés à résoudre[1]. Qu’est-ce donc que l’unité, et quelle idée doit-on s’en faire ? Considérerons-nous l’unité comme une substance, opinion que professèrent les Pythagoriciens jadis, et depuis eux Platon ? Ou bien n’y a-t-il pas plutôt quelque nature qui est la substance de l’unité ? Faut-il ramener l’unité à un terme plus connu, et adopter de préférence la méthode des Physiciens, lesquels prétendent, l’un que l’unité c’est l’Amitié, celui-ci que c’est l’air, celui-là l’infini ?

S’il n’est pas possible que rien de qui est universel soit substance, comme nous l’avons dit en traitant de la substance et de l’être[2] ; si l’universel n’a même pas une existence substantielle, une et déterminée, en dehors de la multiplicité des choses, car l’universel est commun à tous les êtres ; si enfin il n’est qu’un attribut, évidemment l’unité, elle non plus, n’est pas une substance, car l’être et l’unité sont, par excellence, l’attribut universel. Ainsi donc, d’un côté les universaux ne sont pas des natures et des substances indépendantes des êtres particuliers ; et de l’autre, l’unité, pas plus que l’être, et par les mêmes raisons, ne peut être ni un genre, ni la substance universelle des choses. D’ailleurs, l’unité doit se dire également de tous les êtres.

L’être et l’unité se prennent sous autant d’acceptions l’un que l’autre. Si donc il y a pour les qualités,

  1. Ἐν τοῖς διαπορήμασι. C’est notre livre IV qu’Aristote désigne par cette expression.
  2. Liv. VII, 13, t. II, p.48-52