Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/143

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les deux ; car, pourquoi le serait-il plutôt du plus grand que du plus petit ? D’ailleurs, l’égal est encore opposé comme contraire à l’inégal. De sorte, qu’une chose serait le contraire de plusieurs.

D’un autre côté, si l’inégal signifie la même chose que les deux autres termes, grand et petit, l’égal sera opposé à tous les deux, et alors cette difficulté vient à l’appui de ceux qui disent que l’inégalité, c’est la dyade. Mais il résulte de là, qu’une chose est le contraire de deux ; ce qui est impossible. De plus, l’égal serait intermédiaire entre le grand et le petit ; mais aucun contraire n’est, ce semble, un intermédiaire ; cela n’est pas possible, d’après la définition. La contrariété ne serait pas une différence parfaite, si elle était un intermédiaire ; il est bien plus vrai de dire qu’il y a toujours des intermédiaires entre les contraires. Reste donc à dire que l’égal, est opposé au grand et au petit, comme négation ou comme privation. D’abord, il ne peut pas être opposé ainsi à l’un des deux seulement ; car, pourquoi plutôt au grand qu’au petit ? Il sera donc la négation privative[1] de tous les deux. C’est pourquoi, quand on pose la question, il faut toujours qu’il y ait comparaison de l’égal avec les deux autres termes, et non pas seulement avec l’un des deux. On ne dira pas : Est-il plus grand ou égal, plus petit ou égal ? mais les trois termes devront se trouver toujours réunis ; et encore n’y aura-t-il pas nécessairement privation ; car ce qui n’est ni plus grand ni plus petit n’est pas toujours égal : cela ne

  1. Ἀπόφασις στερητική.