Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/145

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commune négation ne sont plus de même genre ; il n’y a donc pas unité de sujet.


VI.

On peut se poser la même difficulté relativement à l’unité et à la pluralité. En effet, si la pluralité est opposée absolument à l’unité, il en résulte des difficultés insurmontables : l’unité sera alors le peu ou le petit nombre[1], puisque la pluralité est opposée aussi au petit nombre. De plus, deux est une pluralité, puisque le double est multiple ; c’est dans ce sens que deux est double. L’unité est donc le peu ; car, relativement à quoi deux serait-il donc une pluralité, si ce n’est relativement à l’unité et au peu ? Il n’y a rien qui soit moindre que l’unité. Ensuite, il en est du beaucoup[2] et du peu dans la multitude[3], comme du long et du court dans les longueurs ; ce qui est beaucoup est une pluralité ; toute pluralité est beaucoup. À moins donc qu’il ne s’agisse d’un continu indéterminé[4], le peu sera une pluralité ; et alors l’unité sera,

  1. Ὀλίγον, ὀλίγα.
  2. Τὸ πολύ.
  3. Πλῆθος.
  4. Un liquide, un fluide quelconque, l’eau, l’air, etc. Voyez le De generatione et corruptione, II, 2. Bekker, p. 229, 230, et la phrase qui va suivre tout à l’heure : L’eau est beaucoup, elle n’est pas une multitude.