Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/153

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nous avons montré que le même genre embrassait les contraires ; car, la différence parfaite, c’est la contrariété[1]. Or, toute différence d’espèce est la différence d’une chose avec une autre chose. De sorte que ce qui fait l’identité des deux êtres, le genre qui les embrasse l’un et l’autre, est en lui-même marqué du caractère de la différence. Il s’ensuit que tous les contraires sont renfermés entre les deux termes de chaque catégorie ; je veux dire les contraires qui diffèrent d’espèce et non de genre, les êtres qui ont entre eux la plus grande différence possible, car c’est alors, qu’il y a différence parfaite, et qu’il n’y a jamais production simultanée. La différence est donc une opposition de deux individus appartenant au même genre.

L’identité d’espèce est au contraire le rapport des individus qui ne sont pas opposés entre eux. En effet, avant les oppositions individuelles, il n’y a d’opposition que dans la division du genre, que dans les intermédiaires entre le genre et l’individu. Il est évident alors, qu’aucune des espèces qui sont comprises sous le genre, n’est avec le genre proprement dit, ni dans un rapport d’identité, ni dans un rapport de différence d’espèce. C’est par la négation qu’on démontre la matière. Or, le genre est la matière de ce qu’on nomme genre ; non pas genre au sens de race[2], ainsi qu’on dit les Héraclides[3], mais comme ce qui entre dans la nature des êtres. Les espèces ne diffèrent pas

  1. Plus haut, ch. 4, p. 131 sqq.
  2. Voyez liv. V, 28, t. I, p. 201 sqq.
  3. Argyrop. Les Pélopides.