Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/190

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de toute évidence. Tout objet peut tantôt être, tantôt n’être pas en acte. Ainsi, d’un côté ce qui peut être construit en tant que pouvant être construit ; de l’autre, l’actualité de ce qui peut être construit en tant que pouvant être construit : c’est-là la construction. La construction est ou bien l’actualité même, ou bien la maison. Mais quand c’est une maison, la possibilité de construire n’existe plus : ce qui pouvait être construit est construit déjà. Il faut donc que l’acte véritable soit dans ce cas une construction ; or, la construction est un mouvement. Même raisonnement pour les autres mouvements.

Ce qui prouve que nous ne nous sommes point trompés, ce sont les systèmes des autres philosophes sur le mouvement, et la difficulté qu’ils éprouvent à le définir autrement que nous n’avons fait. Il serait impossible de le placer dans un autre genre que celui que nous lui avons assigné ; on le voit assez à leurs paroles. Il en est qui appellent le mouvement une diversité[1], une inégalité[2], le non-être[3] : toutes choses qui n’impliquent pas de nécessité le, mouvement. Le changement ne se ramène pas plus à ces principes qu’à leurs opposés, et il n’en sort pas davantage. Ce qui fait que c’est aux principes négatifs qu’on le ramène, c’est que le mouvement semble quelque chose d’indéfini. Or, les principes qui composent la série négative sont indéfinis, parce qu’ils indiquent la pri-

  1. Ἑτερότητα.
  2. Ἀνισότητα.
  3. Τὸ μὴ ὄν.