Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/203

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que si l’être en question est malade, il peut subir en même temps un changement de quelque autre nature ; car rien n’empêche qu’il ne soit alors en repos. Mais le changement est toujours d’une espèce déterminée ; c’est toujours le passage d’un état à l’état opposé. L’état opposé à l’état de maladie, ce sera donc le retour à la santé. Mais ce n’est là qu’un changement accidentel, comme celui de l’être qui passe du souvenir à l’oubli ; parce que l’être en qui s’opère cette sorte de changement passe tantôt de l’ignorance à la science, tantôt de la maladie à la santé. Enfin, s’il y a changement de changement, production de production, il faudra aller jusqu’à l’infini. Si le changement postérieur a lieu, de toute nécessité celui qui est antérieur a lieu lui-même dans cette supposition. Admettons, par exemple, que le devenir, absolument parlant, devenait dans une certaine circonstance ; alors aussi cela devenait, qui devenait absolument parlant. Par conséquent, ce qui devenait absolument parlant, n’existait point encore ; ce qui existe, c’est ce qui devient quelque chose, ou ce qui déjà est devenu quelque chose. Or, cela même qui devenait, absolument parlant, devenait aussi dans une certaine circonstance, devenait quelque chose ; pourquoi donc n’existait-il point encore ?

Dans une série infinie il n’y a pas de premier terme, il n’y aura donc pas de premier changement, et pas davantage de changement qui se rattache au premier ; par conséquent il n’est pas possible que rien devienne, ou se meuve, ou subisse un changement. Et puis le même être subirait à la fois et les deux mouvements con-