Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/214

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Il y a trois sortes d’essence : la matière qui n’est qu’en apparence l’être déterminé, car des parties entre lesquelles il n’y a que simple contact et non pas connexion, ne sont qu’une pure matière et un sujet ; la nature, c’est-à-dire cette forme, cet état déterminé auquel aboutit la production ; la troisième essence est la réunion des deux premières, c’est l’essence individuelle, c’est Socrate ou Callias.

Il est des objets dont la forme n’existe pas indépendamment de l’ensemble de la matière et de la forme : ainsi la forme d’une maison ; à moins que par forme on entende l’art lui-même. Les formes de ces objets ne sont d’ailleurs sujettes ni à production, ni à destruction. C’est d’une autre manière que sont, ou que ne sont pas, et la maison immatérielle, et la santé, et tout ce qui est un produit de l’art. Mais il n’en est pas de même pour les choses naturelles. Aussi Platon n’a-t-il pas eu tort de dire qu’il n’y a des idées que des choses naturelles ; si l’on admet qu’il peut y avoir des idées autres que les objets sensibles, celles du feu, par exemple, de la chair, de la tête : toutes choses qui

    la Métaphysique, contient implicitement la réfutation d’une opinion de Speusippe, comme l’a démontré M. Ravaisson par d’ingénieux rapprochements. Speus. de prim. princip. placit., III, p. 12, 13. Speusippe prétendait que la puissance est toujours antérieure à l’acte, et il s’autorisait de ce qui se passe dans la génération des animaux, où la semence, c’est-à-dire l’animal en puissance, est antérieure à l’existence de l’animal. Aristote répond que l’homme vient réellement, non pas de la semence, mais de l’homme, parce que la semence provient de l’homme : ἄνθρωπος ἄνθρωπον γεννᾷ.