Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/225

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Empédocle, qui admet comme principes l’Amitié et la Discorde, et les philosophes qui font le mouvement éternel, Leucippe, par exemple. Il ne faut donc pas dire que pendant un temps indéfini le chaos et la nuit existaient seuls. Le monde est de tout temps ce qu’il est (soit qu’il y ait des retours périodiques[1], soit qu’une autre doctrine ait raison), si l’acte est antérieur à la puissance. Or, si la succession périodique des choses est toujours la même, il doit y avoir un être dont l’action demeure éternellement la même[2]. Ce n’est pas tout : pour qu’il puisse y avoir production, il faut qu’il y ait un autre principe[3] éternellement agissant, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre sens. Il faut donc que ce nouveau principe agisse, sous un point de vue, en soi et pour soi, sous un autre point de vue, par rapport à autre chose ; et cette autre chose, c’est ou bien quelque autre principe, ou bien le premier principe. C’est nécessairement en vertu du premier principe qu’agit toujours celui dont nous parlons, car le premier principe est la cause du second, et aussi de cet autre principe par rapport auquel le second pourrait agir. Le premier principe est donc aussi le meilleur. C’est lui qui est la cause de l’éternelle uniformité, tandis que l’autre est la cause de la diversité : les deux réunis sont évi-

  1. C’était là la doctrine d’Empédocle.
  2. C’est le premier ciel, suivant Aristote, le ciel des étoiles fixes, lequel entraîne dans son mouvement tous les autres êtres.
  3. Il s’agit du soleil et des autres planètes, qui se meuvent suivant le cercle oblique ou zodiaque.