Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/228

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ment. Si donc le mouvement de translation est le mouvement premier, et que ce mouvement soit en acte, l’être qui est mu peut changer, sinon quant à l’essence, du moins quant au lieu. Mais, dès qu’il y a un être qui meut, tout en restant immobile, bien qu’il soit en acte, cet être n’est susceptible d’aucun changement. En effet, le changement premier c’est le mouvement de translation, et le premier des mouvements de translation c’est le mouvement circulaire. Or, l’être qui imprime ce mouvement, c’est le moteur immobile. Le moteur immobile est donc un être nécessaire ; et, en tant que nécessaire, il est le bien, et, par conséquent, un principe ; car voici qu’elles sont les acceptions du mot nécessaire : il y a la nécessité violente, c’est ce qui contraint notre inclination naturelle ; puis la nécessité, qui est la condition du bien ; enfin le nécessaire, c’est ce qui est absolument de telle manière, et n’est pas susceptible d’être autrement[1].

Tel est le principe auquel sont suspendus[2] le ciel et toute la nature. Ce n’est que pendant quelque temps que nous pouvons jouir de la félicité parfaite. Il la possède éternellement, ce qui nous est impossible[3] (44). La

  1. Voyez liv. V, 5, t.1, p. 158 sqq.
  2. Ἤρηται.
  3. « La vie des dieux immortels est toute félicité ; quant aux hommes, ils ne connaissent le bonheur qu’en tant qu’il y a dans leurs facultés quelque chose qui leur est commun avec les dieux. Mais aucun autre animal que l’homme ne goûte le bonheur dans sa vie, parce que aucun autre animal n’a avec les dieux cette communauté de nature. » Aristot., Ethic. Nicom. X, 8 ; Bekker, p. 1178.