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IV.

Ils disent qu’il n’y a pas de production de l’impair ; car, disent-ils, c’est évidemment le pair qui se produit. Quelques-uns prétendent que le premier nombre pair vient du grand et du petit, inégaux d’abord, puis amenés à l’égalité. Il faut donc qu’ils admettent que l’inégalité était avant l’égalité. Or, si l’égalité est éternelle, l’inégalité n’était pas antérieure, car il n’y a rien avant ce qui est de toute éternité. Il est clair dès-lors que leur système relativement à la production du nombre est défectueux.

Mais voici une nouvelle difficulté, qui, si l’on y prend garde, accuse les partisans de ce système. Quel rôle jouent, relativement au bien et au beau, les principes et les éléments ? Et voici en quoi consiste la difficulté : Y a-t-il quelque principe qui soit ce que nous appelons le bien en soi, ou bien n’y en a-t-il pas, et le bien et l’excellent sont-ils postérieurs sous le rapport de la production ? Quelques-uns des Théologiens d’aujourd’hui paraissent adopter cette dernière solution : ils ne regardent pas le bien comme principe ; mais ils disent que le bien et le beau apparurent après que les êtres de l’univers furent arrivés à l’existence[1]. Ils se sont rangés à cette opinion pour éviter une difficulté vé-

  1. Per Theologos istos significare τοὺς περὶ Σπεύσιππον, ex iis quæ modo attulimus, patet. Quin ipsa Speusippi verba hic latere crediderim ; ista enim : ἀλλὰ προελθούσης κτλ, ab Aristotelico scribendi more, praecipue in Metaphysicis, satis aliena, et platonicam quamdam ἔμφασιν spirantia. Saltem, cum et in Pythagoreorum superstitibus fragmentis, et in plurimis quae de pythagorica philosophia hahemus testimoniis, nihil quidquam de rerum naturœ processu appareat, fuisse id Speusippi proprium dogma credibile est. Nec fortasse absurdum, si quis prima hic tam celebratæ a Neoplatonicis προόδου initia deprehendere sibi videatur. F. Ravaisson, Speusippi de prim. princ., III, p. 8, 9.