Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/79

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Si l’on y veut réfléchir, on ne dira pas que la syllabe résulte des éléments et de la composition ; que dans la maison il y a les briques et la composition ; et c’est avec raison, car la composition, le mélange, ne sont pas quelque chose qui s’unit aux êtres composés ou mélangés. Et de même pour tous les autres cas : ainsi, c’est par la position que telle chose est un seuil ; mais la position n’est point quelque chose en dehors du seuil ; ce serait plutôt le contraire. De même l’homme n’est point l’animal et le bipède ; mais il faut qu’en dehors de cela il y ait quelque autre chose, si l’animal et le bipède sont pris comme matière. Ce quelque chose n’est point un élément, et ne provient point d’un élément : c’est l’essence, c’est ce qui étant retranché ne laisse subsister que la matière indéterminée. Si donc c’est cette essence qui est cause de l’existence ; si c’est elle qui est la substance, c’est à elle qu’il faut donner le nom de substance. L’essence doit être nécessairement éternelle, ou bien périr dans un objet sans pour cela périr elle-même, se produire dans un être sans être sujette elle-même à production. Nous avons prouvé et démontré plus haut[1], que personne ne produit la forme ; qu’elle ne naît pas, mais seulement se réalise dans un objet. Ce qui naît, c’est l’ensemble de la matière et de la forme.

Les substances des êtres périssables sont-elles séparées, c’est ce qui n’est pas encore bien évident. Toutefois, il est évident que pour quelques êtres il n’en peut être ainsi ; tels sont les êtres qui ne peuvent

  1. Liv. VII, 8.