l'occafion d'un évènement dont on trouve l'hiſtoire dans Acofta.
Avant que de terminer ce Mémoire, il eft néceffaire de faire quelques remarques ſur la defcription du pays de Fou-fang,. & de répondre à quelques objections que l'on peut former, principalement à l'occafion des chevaux, que l'on ne trouve dans aucune contrée de l'Amérique. Les grands avantages que l'on retire de ces animaux, paroîtroient avoir du les faire conferver. Nous obferverons à ce ſujet que toutes les nations- n'ont pas été également perfuadées de leur utilité. La Tartarie remplie de chevaux, eft voiſine de la Sibérie, où dans plu- fieurs endroits il ne s'en trouve point, & où l'on fe fert de rennes & de chiens; cependant aucun trajet de mer n'em- pêche d'y tranſporter des chevaux,, & ces peuples les ont connus chez leurs voiſins fans en faire ufage. Peut-être les vaiffeaux Chinois en ont-ils conduit autrefois en Amérique; alors quelques peuples s'en feroient fervis. Mais on fait juf qu'à quel point les fauvages de l'Amérique portent la cruauté à l'égard des peuples vaincus. Ces guerres ont dû produire. de fréquentes migrations, la deſtruction entière de plufieurs. nations, & conféquemment l'anéantiffement des uſages que ces nations détruites pouvoient avoir reçus par le commerce. Au refle, perſonne n'entreprendra de garantir tout ce qui eft contenu dans les relations de Marco-Polo, de Plan- Carpin & de Rubruquis ; ces anciens voyageurs fe font écartés quel- quefois de la vérité, & nous ne ſommes point en droit pour cela de révoquer. en doute la totalité de leurs mémoires. Le voyageur Chinois a pû fe laiffer tromper par quelques appa- rences, & appeler chevaux certains animaux des pays. de Quivir & de Cibola, qui leur reffemblent pour la grandeur, & que les Efpagnols ont appelés moutons, à cauſe de la laine qu'ils portent [1]. C'eſt ainſi que nous avons donné le nom de quelques animaux de l'Europe à pluſieurs animaux de l'Amérique, quoiqu'ils ſoient d'une eſpèce différente.
- ↑ Ces animaux, dit Acofta, 7. 1, font d'une auffi grande utilité aux Indiens que les ânes le font parmi nous, & fervent à tranſporter des fardeaux pefans.