Page:Arlincourt - Le solitaire tome 2.djvu/236

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pières baissées étaient comme fermées par un doux sommeil ; ses mains glacées tenaient un bouquet de lis qu’elle paraissait presser contre son sein. À la sérénité de ses traits, l’on eût dit qu’un songe fortuné l’environnait d’enchantemens ; et le Ciel semblait n’avoir enlevé à la terre, que pour quelques instans seulement, le chef-d’œuvre de la nature.

Charles s’est penché soudain vers la couche mortuaire. Doucement il a passé ses bras autour de la jeune vierge, comme s’il craignait de la blesser, comme s’il redoutait de l’éveiller ; puis de la chapelle il s’élance à pas pressés ; et tel qu’Alcide arrachant Alceste des sombres bords, plus prompt que l’éclair orageux, il a fui vers le mont Sauvage.

Déjà le prince a franchi le pont du torrent. Aux pâles rayons de la nuit, il a reconnu l’arbre où la fille du monastère, sur son harmonieuse lyre, chanta le prince