Page:Armaingaud - La Boétie, Montaigne et le Contr’un - Réponse à M. P. Bonnefon.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une telle bonne fortune) auprès de M. Bonnefon, dont je vais, en attendant, tâcher de réfuter les objections au second terme de ma thèse.


II


Ce second terme est relatif à l’auteur des modifications qu’a subies le texte de La Boëtie. Il se subdivise en deux questions :

1° Le texte du Contr’un est-il parvenu à ceux qui l’ont publié, par l’intermédiaire de Montaigne, et y a-t-il des raisons de croire qu’après la Saint-Barthélemy une entente s’est liée entre Montaigne et les réformés ?

2° Si oui, par qui ont été rédigés les remaniements qu’a subis le texte ?

La recherche de l’auteur des remaniements impliquant nécessairement l’existence de ces remaniements, il serait oiseux, comme le reconnaît M. Bonnefon, que nous le recherchions ensemble, alors qu’il n’accepte pas que des remaniements existent.

Bien inutilement, il fait remarquer que Montaigne n’ayant jamais dit qu’on eût dénaturé le texte de La Boëtie, n’avait pas à donner de ce texte une édition garantie. Il m’oblige : à lui répondre qu’une fois l’existence des remaniements reconnue, Montaigne, en ne signalant pas ces altérations et en ne leur répondant pas par la publication du texte vrai, montre par là même qu’il n’est pas sincère en protestant contre la publication faite, et donne une extrême vraisemblance à son entente probable avec les huguenots ; et nous voilà revenus à la première partie de ma thèse. Mon argument, nul s’il n’y a pas eu de remaniements, devient au contraire déterminant, comme le reconnaît M. Villey, si les remaniements sont établis. Déclarer avec M. Bonnefon que si Montaigne a fait ce que je lui attribue, le geste n’est pas beau, ce n’est pas davantage avancer la question. J’ai déjà dit, et je redirai plus explicitement mon sentiment assez différent de celui de M. Bonnefon, sur la valeur morale de ce geste. Mais ceci est, pour l’instant, en dehors de la question.

Les raisons que j’ai données en faveur de la transmission du

    première), je rappelle que je n’ai pas attribué tout le texte du Contr’un à Montaigne ; qu’une grande part en revient à La Boëtie ; enfin, si les passages où M. Villey a rencontré les noms propres latins avec la forme française, sont de Montaigne, il y a peu de chose à tirer de cette constatation, car Montaigne, voulant faire attribuer le texte à La Boëtie, a dû donner à ces noms la forme que La Boëtie emploie dans ses œuvres.