Page:Armand - L’illégaliste anarchiste est-il notre camarade, 2016.djvu/10

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qui lui sont imposées. Quelles que soient ses opinions, il lui faut se soumettre, pour vivre tranquillement (ou mourir), à une contrainte. Là où il y a contrainte, le contrat n’est plus valide, puisqu’il est unilatéral, et les codes bourgeois reconnaissent eux-mêmes qu’un engagement souscrit sous l’empire de la menace est sans valeur légale. L’anarchiste donc se trouve constamment en situation de légitime défense contre les exécutifs ou les partisans du contrat économique imposé. On n’a jamais entendu un anarchiste exerçant un métier illégal préconiser une société basée sur le banditisme universel, par exemple. Sa situation, ses gestes sont uniquement relatifs au contrat économique que les capitalistes ou les unilatéraux imposent même à ceux que ses clauses révoltent. L’illégalisme des anarchistes n’est que transitoire : un pis aller.

Si le milieu social concédait aux anarchistes la possession inaliénable du moyen de production personnel, s’ils pouvaient disposer librement et sans aucune restriction fiscale (impôt, douanes, octrois), de leur produit, s’il les laissait employer entre eux une valeur d’échange que ne frapperait aucune taxe, tout cela à leur risques et périls, l’illégalisme, à mon sens, ne se comprendrait plus (l’illégalisme économique, s’entend) L’illégalisme économique est donc purement accidentel (4).

D’ailleurs économique ou autre, l’illégalisme est fonction du légalisme. Le jour où l’autorité aura disparu, — l’autorité politique, intellectuelle, économique — les illégalistes auront disparu également.

C’est dans cette voie qu’il faut s’orienter pour que l’explication des gestes illégalistes profite à la propagande anarchiste.