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La vie comme expérience se vit constamment en dehors de la « loi » ou de « la morale » ou des « coutumes », toutes conventions calculées pour assurer le farniente de la stagnation intérieure à ceux qui dédaignent de se risquer, ceux-là par crainte, ceux-ci par intérêt.

La vie comme expérience lacère les programmes, foule aux pieds les bienséances, brise les vitres, descend de la tour d’ivoire. Elle quitte la cité du Fait Acquis, en sort par la porte de la Chose Jugée et vagabonde, à l’aventure, dans la campagne ouverte à l’imprévu.

Car l’Expérience n’accepte jamais le fait acquis comme définitif et la chose jugée comme sans appel. Certes, elle vagabonde, la vie sans expérience, comme une « outlaw », comme une sans logis, court vêtu ou pas vêtue du tout, — effroi du moralitéisme, terreur du comme il faut, bourgeois respectables toujours affolés à l’idée qu’on vienne, la nuit, heurter le marteau de leur huis et les éveiller de leurs stupéfiantes habitudes.

La vie vécue comme expérience ne se soucie pas de la défaite ou du volume des résultats obtenus. Elle ne s’en inquiète pas plus que de la victoire. Triomphes, échecs, obstacles qu’on contourne, barrières qu’on renverse, chutes dans la boue, autant de